« It’s a strategy »

Il est assez étonnant de voir son room-mate coréen dans un profond sommeil, à 20h00, en rentrant des cours le soir, tout au long de la semaine. Mais après tout, pourquoi pas ? S’il y a bien un cliché sur les coréens qui s’est à peu près exporté, c’est celui d’un peuple extrêmement travailleur et prenant peu de vacances. Alors soit, après une grosse journée de boulot, prendre une bonne nuit de sommeil ne paraît pas totalement aberrant.

Il est par contre beaucoup plus surprenant d’entendre le réveil du sus-cité room-mate sonner entre 22h00 et 23h00. Diable, me dis-je, 20h00 n’est pas le moment le plus adapté pour se faire une petite sieste, autant directement profiter de la nuit !

– « Hey, how are you doing ? You were sleeping very soundly, are you very tired ? »

– « No no », me répond-il, « it’s a strategy ».

Levé de sourcil interrogateur.

– « A strategy ? What do you mean ? »

– « I was sleeping right now so I can stay up all night to study ».

Aaah. C’était donc ça. Les boissons énergisantes qui ressemblent plus à un médicament qu’autre chose, ses longs réveils le matin, et l’activité plus bruyante que d’habitude le soir dans le dortoir. Le roll-call du soir qui ne se fait plus chambre par chambre, mais dans le hall commun avec distribution de nouilles instantanées, de jus de fruits, de dessert, d’un repas presque complet en fait.

Depuis le début de la semaine, Keimyung University est en ébullition : la première moitié du semestre accomplie sonne le commencement des mid-terms, les examens partiels de mi-semestre.

– « We all meet up on the third floor and we study together until at least 4:00 am. Here, I’ll give you this energy drink for your own exams ! »

La stratégie de la majorité des étudiants coréens devient donc celle-ci : s’imposer un rythme de sommeil extrêmement réduit et compenser en boissons énergétiques.

Il y a une chose qu’il faut savoir : le monde du travail est extrêmement compétitif, ici, en Corée du Sud. Un ami coréen, à la recherche de travail, m’en donne les grandes ficelles. Pour être recruté dans une grande entreprise, les candidats doivent tout d’abord passer un examen « extrêmement difficile », élaboré par l’entreprise en question. Seule une fourchette des meilleurs candidats sera autorisée… à décrocher un premier entretien. D’une heure, également difficile, il est le préliminaire à un second entretien qui décidera finalement, peut-être, du recrutement du candidat.

Décrocher un entretien est difficile, un travail l’est encore plus. Un échec est assez dramatique, l’appui et le soutien des amis est souvent précieux et prétexte à une sortie en pub, pour noyer l’échec dans la bière et le Soju.

Bref, tout cela se joue dès maintenant pour mes camarades. Le moindre examen est une épreuve à ne rater sous aucun prétexte. Quitte à sacrifier des heures de sommeil, quitte à vivre en décalage certain avec le reste du monde pendant une paire de semaine. Avant de reprendre un rythme moins effréné jusqu’aux prochains examens.

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